Rabab Sayegh

 Raymond Rizk - Juin 2010


En écoutant Emile et Rami donner leur témoignage, lors des obsèques de leur mère, je n'ai pu m'empêcher de dire: 'Bénies soient les entrailles qui vous ont porté'. Ces témoignages venaient juste après un service où les hymnes pascales avaient enveloppé de joie et de lumière la tristesse générale. Ils venaient après l'émotion palpable des deux hiérarques qui concélébraient, signe évident de leur affection pour Rabab. Ces témoignages étaient simples et profonds, et furent un exemple - ô combien probant - de l'attitude profondément chrétienne dont vivent ces jeunes. Bienheureux le père et la mère qui leur avait assuré un foyer où ils ont expérimenté, jour après jour, combien le Seigneur est bon, et combien Il rayonnait dans la vie de leurs parents.

C'est peu de dire que le départ prématuré et soudain de Rabab vers la maison du Père fut un choc pour les siens et pour ses nombreux amis. Ce fut un véritable déchirement. On a beau penser qu'elle est toujours vivante et qu'elle continuera d'en haut à intercéder pour tous ceux qu'elle a aimé, et tous ceux qu'elle a aidé avec tant d'abnégation, durant sa vie terrestre. Un vide s'est installé dans notre vie qu'il nous sera difficile de combler. Cependant, nous nous efforçons de lui dire que ce n'est qu'un au-revoir, et que nous lui donnons rendez-vous durant chaque Sainte Liturgie, pour nous retrouver et nous unir en profondeur, dans le Corps offert du Seigneur.

Je ne m'étendrai pas sur tout ce que Rabab a fait pour les pauvres et les nécessiteux, sauf pour dire que c'était sa façon à elle de rencontrer quotidiennement le Seigneur et de l'assurer de son amour. Elle avait pavé son chemin vers le Royaume de don de soi et d'amitié. D'autres parleront mieux que moi de son action dans le domaine du travail social avec lequel elle s'est identifiée, sa vie durant. Elle restera vivante dans le cœur de tous ceux qu'elle a tant aimé et servi. Pour moi, je voudrai rappeler combien son amitié, sa présence attentionnée et aimante auprès de ses connaissances, son affection tellement communicative, nous avaient fait comprendre que l'amitié - cette sainte amitié - qui nous soudait, était devenue pour nous une invite à oser l'agapè évangélique.

Depuis sa prime jeunesse, elle était, avec bien d'autres qui nous ont quitté avant elle et avec d'autres qui sont encore là, de ceux dont le cœur avait été blessé d'amour pour le Seigneur et pour ceux en qui Il a choisi d'habiter. Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe, qui nous a tous amené au Christ, nous unissait dans cette amitié et le même engagement, chacun agissant selon les charismes qui lui avaient été donnés.  Aussi loin que ma mémoire me porte, je la vois parmi les plus proches au sein de ce Mouvement, ayant accompagné nos premiers pas et nos premiers balbutiements dans l'œuvre du renouveau.

Je disais l'autre jour, qu'après tant d'années et l'âge que nous portons maintenant, il fallait s'attendre, en toute sérénité, à nous voir partir, l'un après l'autre, et que les anciennes générations du MJO se retrouveront bientôt bien plus nombreuses au ciel que sur la terre. Peu importe. En attendant, l'important est de continuer à mener le bon combat et encourager, tant qu'il est encore temps, les nombreux jeunes dont le cœur s'enflamme chaque jour, à prendre le flambeau et  assurer la relève, afin que l'Église d'Antioche continue de témoigner de la Bonne Nouvelle, qui a rempli nos vies, et de produire de nouvelles Rabab.



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