Le « sacrement du frère » dans la vision évangélique et patristique jusqu'au 4ème siècle

 Raymond Rizk


« Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? » (Matthieu , 5 : 13)

Un simple retour aux sources, sans autre commentaire.

Notre Seigneur Jésus-Christ a dit


• « Donne à quiconque te demande » (Luc, 6 : 30).

• « Quiconque donnera à l'un de mes disciples, rien qu'un verre d'eau fraiche. . . ne sera pas frustré de sa récompense » (Mat., 10 : 41).

• « Vous êtes bienheureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous » (Luc, 6 : 20).

• « J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j' ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez accueilli; j'étais nu, et vous m'avez vêtu; j'étais malade et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venu me voir . . . Dans la mesure où vous l’avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mat., 25 : 35-36, 40).

• « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens et suis-moi » (Mat., 19 : 21).


La communauté apostolique du premier siècle

• « Tous les croyants mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun » (Luc, Actes des Apôtres, 2 : 44-45).

• « Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun » (Luc, Actes des Apôtres, 4 : 32).

• « Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son cœur, non d'une manière chagrine ou contrainte; car Dieu aime qui donne avec joie » (Paul, Deuxième Epitre aux Corinthiens, 9 : 7).


La communauté chrétienne des 2ème et 3ème siècles

• « Quand vous aurez !'occasion de faire le bien, n'y mettez aucun retard, car l’aumône délivre de la mort » (Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, 10, vers l'an 135.

• « Fais le bien, et du fruit que la libéralité de Dieu accorde à tes labeurs, donne à tous les indigents avec simplicité, sans te demander à qui tu dois ou ne dois pas donner. Donne à tous, car Dieu veut qu' il soit fait par à tous de ses propres largesses» (Le Pasteur d' Hermas , vers 140-155, Deuxième Précepte : la simplicité).

• « Ne balance pas avant de donner, mais donne sans murmure et tu connaitras un jour celui qui sait récompenser dignement. Ne repousse pas l'indigent, mets tout en commun avec ton frère et ne dis pas que tu as des biens en propre, car si vous entrez en partage pour les biens immortels, combien plus y entrez-vous pour les biens périssables » (La Didachéou Doctrine des douze Ap6tres, 4.8, vers 150).

• « Ceux qui ont du bien viennent en aide à tous ceux qui ont besoin et nous nous prêtons mutuellement assistance. Ceux qui sont dans l'abondance et qui veulent donner, donnent librement, chacun ce qu'il veut. Ce qui est recueilli est remis entre les mains du président; il assiste les orphelins, les veuves, les malades, les indigents, les prisonniers, les h6tes étrangers: en un mot , il secourt tous ceux qui sont dans le besoin » (Justin le Philosophe, mort vers 165, 1ère Apologie, 67 : 1, 6).

• « Ils marchent en toute humilité et bonté , et le mensonge leur est inconnu. Et s' ils ont parmi eux un homme pauvre ou dans le besoin et qu' ils n'ont pas les choses nécessaires en abondance, ils jeûnent deux ou trois jours pour fournir à

celui qui est dans le besoin la nourriture qui lui est nécessaire » (Lettre à Diognète, une apologie anonyme du 2ème siècle parlant des chrétiens).

• « Ne pas venir au secours des besoins d'autrui, c'est renier l'agapè du Seigneur » (Irénée de Lyon, mort vers 202, Fragments).

• « Imitez l' équité de Dieu et personne ne sera pauvre . . . Celui-là est vraiment riche qui vient au secours des autres et imite Dieu qui donne ce qu'il a; c'est lui qui nous a donné tout ce que nous possédons. Souvenez-vous . . . que vous avez reçu plus que le nécessaire afin de le partager » (Constitutions Apostoliques, Kérygme de Pierre, texte anonyme du 3ème siècle).

• « Chacun apporte sa petite contribution une fois par mois ou quand il veut, à condition toutefois qu' il le veuille et le puisse . . . Personne n'y est forcé ... On contribue de son plein gré . . . Ce sont en quelque sorte les dépôts de la charité » (Tertullien, mort après 220, Apologie 39).


Les Pères du Ouatrième siècle

• « L'affamé dépérit. Celui qui est nu grelote. L'endetté se suicide. Et toi tu remets ton aumône à demain? Ecoute Salomon: « Si tu as ce qu'il demande , ne dis pas reviens demain et je te donnerais » (Proverbes, 3 : 28) » (Basile le Grand, mort en 379, Homélie contre la richesse, 6. 6) .

• « A l'affamé appartient le pain que tu gardes. A l'homme nu, le manteau que recèlent tes coffres. Au va-nu-pieds, la chaussure qui pourrit chez toi. Au miséreux, l'argent que tu tiens enfoui. Ainsi opprimes-tu autant de gens que tu en pouvais aider » (Basile le Grand, ditto, 6. 6).

• « Les biens dont on t'avait confié la gestion, tu les as accaparés. Celui qui dépouille un homme de ses vêtements aura nom de pillard. Et celui qui ne vêt point la nudité du gueux, alors qu'il peut le faire, mérite-t-il un autre nom? » (Basile le Grand, ditto, 6. 6).

• « Vous tous qui êtes serviteurs du Christ, ses frères et ses co-héritiers, tant qu' il n'est pas trop tard, prêtez assistance au Christ, secourez le Christ , nourrissez le Christ, revêtez le Christ, accueillez le Christ, honorez le Christ ... Le Seigneur de l'univers désire notre miséricorde au lieu de sacrifices, et notre compassion plutôt que des milliers d'agneaux: présentons-la lui donc par les mains de ces malheureux . . . et le jour où nous quitterons ce monde, ils nous recevront ... dans le Christ lui-même » (Grégoire de Nazianze, dit le Théologien, mort en 390, Homélie « De l'amour des pauvres », 40).

• « Ne méprisez pas les pauvres .. . Demandez-vous qui ils sont et vous découvrirez leur grandeur : ils ont revêtu le visage de notre Sauveur. Le Seigneur, en sa bonté, leur a donné son propre visage ... Les pauvres sont les économes de notre espérance, les gardiens du Royaume » (Grégoire de Nysse, mort en 394, Homélie sur !'amour des pauvres, 1).

• « Ne gardez pas tout pour vous, mais partagez avec les pauvres qui sont les préférés de Dieu. Tout appartient à Dieu, notre commun père. Et nous sommes Tous les frères d'une famille unique » (Grégoire de Nysse, ditto).

• « C'est un vol de ne pas faire l'aumône avec ses biens » (Jean Chrysostome, mort en 407, Première Homélie sur Lazare, 4).

• « Dieu vous a donné un toit pour vous prémunir de la pluie, non pour le couvrir d'or quand le pauvre meurt de faim. II vous a donné des vêtements pour vous habiller, non pour les couvrir une maison, non pour l'habiter seul mais pour y accueillir les autres. II vous a donné la terre, non pour en dilapider les fruits... mais pour aider ceux qui ont faim et soif » (Jean Chrysostome).

• « A quoi sert de décorer la table du Seigneur avec des objets en or si lui-même meurt de faim? Rassasie-le d'abord quand il a faim et tu penseras plus tard à  embellir son autel .. . Je ne dis pas cela pour vous détourner de cette ornementation. II faut faire ceci et cela . Mais il faut différer l'ornementation des églises si elle entraine I ' oubli de ton frère qui est dans la tourmente. Cet autel a plus de grandeur que l'autre » (Jean Chrysostome , Homélie 50 sur Matthieu).

• « Ne dis pas : je dépense ce qui est à moi, je jouis de ce qui est à moi. Rien de ce que tu possèdes ne t'appartient, mais appartient aux autres... à la fois à toi et à ton prochain, comme le soleil, l'air et la terre » (Jean Chrysostome , Homélie 20 sur la Deuxième Epitre aux Corinthiens).

• « L'âme du croyant est le véritable temple du Christ. Décorez-la, habillez-la, faite lui des offrandes, recevez-y le Christ. II ne sert à rien de décorer des murs... quand le Christ meurt de faim en la personne du pauyre » (Jérome, mort vers 420).











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