Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe du Patriarcat d'Antioche

Raymond Rizk- Juillet 2011


La fondation du Mouvement

 

Ces quelques extraits de discours prononcés par des dirigeants du Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe (MJO) , durant les premières années de formation du Mouvement, au milieu des années 1940, expriment l'espérance et la vision qui habitait alors ces jeunes de  près de 18 ans qui ont fondé le MJO.

L'un d'entre eux1, dit que 'le Mouvement est une conscience qui pénètre l'âme de l'orthodoxie contemporaine pour qu'elle se retrouve elle-même, … car elle sommeille, … montrant qu'elle est une vraie vie, une Église de vie. Il s'agit donc de rénover les hommes par l'Évangile du Christ, par le Christ des Évangiles. Telle est la tâche qui nous incombe'2.

Un autre3 écrit que 'le MJO, c'est faire revivre le christianisme primitif, … de façon intégrale, … et sombrer dans l'amour. … Cependant, le renouveau intérieur doit précéder l'extérieur. … Le jour où nous pourrons dire que nous sommes devenus des disciples du Christ, ce jour là, le MJO aura réussi'4.

Un troisième5 affirme 'qu'il nous fallait devenir des contemporains des Apôtres et des Pères'6.

Enfin, un autre7 affirme que 'l'œuvre du renouveau doit s'opérer dans le sein de l'Église, et plonger ses racines jusqu'à ses sources même. …Notre dignité de membres de l'Église nous investit d'une mission sacrée, et nous rend pleinement responsables de tout le Corps. Ce n'est pas en vertu d'une délégation ou d'une condescendance de l'autorité ecclésiastique qui veut bien permettre de contribuer à l'effort chrétien. Ce n'est pas non plus pour suppléer à l'inactivité de cette autorité. Il ne peut y avoir dans le Corps du Christ ni délégation, ni représentation, ni substitution. …En dehors de tout mandat, …les jeunes sont des membres actifs de l'Église du Christ, et possèdent une mission sacrée, étant devenus, clercs et laïcs, une 'race choisie, un sacerdoce royal, un peuple que Dieu s'est acquis, afin d'annoncer ses perfections' ( Pi 11, 3).8

Ces jeunes venaient du Liban et de la Syrie. Ils se rencontrèrent à Beyrouth où ils s'étaient inscrits à l'Ecole de Droit et découvrirent qu'ils avaient les mêmes aspirations. Ils fondèrent le MJO en mars 1942 et le dotèrent d'une charte de six principes reprenant les points mentionnés plus haut et résumant ses buts et sa vision. Convaincus que leur Mouvement ne pouvait vivre que greffé à l'Église, en communion avec l'évêque du lieu et dans une collaboration active avec tous les fidèles, ils communiquèrent leur charte aux différents évêques et au Patriarche d'Antioche Alexandre III, qui leur confirma son approbation, leur écrivant que 'nous estimons que ce Mouvement béni n'est pas simplement désirable et utile, mais vital'.9

La situation de l'Église d'Antioche alors

Comme l'écrit Mgr. Kallistos Ware, le patriarcat orthodoxe d'Antioche était alors 'l'exemple même d'une Église endormie'10. Sortie de plusieurs siècles de domination ottomane, durant lesquels elle n'avait pas accès à l'éducation et la réflexion théologique, meurtrie par le schisme uniate et généralement l'agressivité du christianisme occidental11, minée par la rivalité entre épiscopat grec et arabe, viciée par le népotisme et l'arrivisme de prélats sans véritable souci pastoral, l'Eglise d'Antioche, en effet, vivotait. Plusieurs tentatives de renouveau lancées par des laïcs, au début du 20ème siècle, avaient tourné court, car elles s'attaquaient essentiellement aux problèmes administratifs et financiers de la communauté, voulant restreindre l'influence de la hiérarchie, généralement considérée inféodée aux notables et aux politiciens, quand le véritable mal était ailleurs..

Vision de ces jeunes et leurs premiers pas

Les jeunes fondateurs du MJO, la plupart élèves d'écoles de missions occidentales, souffraient de cette situation, et bien que parfois tentés par la défection, ils s'étaient rapidement convaincus que les racines du  mal étaient en eux et en leurs frères, du fait de  leur éloignement de Dieu et de l'oubli de ses commandements. Il fallait donc changer les hommes, avant les structures. Ils comprirent que la crise était essentiellement spirituelle. L'Église d'Antioche, mère de bien d'autres, était une 'épouse bafouée et défigurée par nos égarements et nos fautes, mais aussi et en même temps, la communauté des pécheurs pouvant devenir, par la miséricorde de Dieu, une Église sainte. … On ne quitte donc pas sa mère … malade, mais on la soigne' 12.  La guérison ne pouvait advenir que par la repentance, car le 'renouveau dans l'Église est un renouveau intérieur …, l'essentiel n'étant pas de construire des temples de pierre, mais des temples de chair et de sang.  La gloire de l'Église … est dans la course à la sainteté, à une plus grande intimité avec le Seigneur et un face à face toujours plus intense avec Lui. Cette attitude n'est pas une fuite au monde. Bien au contraire, elle assure, seule, une présence sereine aux problèmes du monde et ébauche des solutions … dans le sens du dessein salvifique de Dieu'. 13

L'histoire des premières années de développement du Mouvement fut marquée par un grand bouillonnement de l'Esprit. Consignée dans le récit d'un des fondateurs 14,  elle  'montre  dans

quel esprit missionnaire ces jeunes se sont donnés au projet qui a hanté leur vie universitaire' 15.

Il fallait pourvoir au plus pressé, à savoir promouvoir la formation personnelle, la participation régulière à la Sainte Liturgie, et l'enseignement missionnaire. Méditant intensément les

Écritures16, se nourrissant de  la pensée des Pères17, se mettant à la recherche d'ouvrages  édités dans des langues accessibles18, ils abordaient dans  leur jeune revue An Nour, bientôt largement distribuée,  les divers aspects de la spiritualité orthodoxe. Convaincus que le vie liturgique est une source majeure d'initiation chrétienne, ils formèrent des chorales pour encourager les gens à y prendre part et furent les premiers à pratiquer la communion fréquente. Ils fondèrent aussi des écoles du dimanche dans un grand nombre de villes et de villages, au Liban et en Syrie.

Reconnaissance officielle du Saint Synode

Ayant constaté l'expansion du MJO et ses nombreuses initiatives de renouveau, le Saint Synode du Patriarcat d'Antioche le reconnaît comme le seul mouvement représentant la jeunesse antiochienne et responsable de 'l'Action Orthodoxe' dans l'ensemble du Patriarcat, œuvrant certes en communion avec l'évêque du lieu, mais dépendant exclusivement du Patriarche et du Saint Synode 19.

Organisation sur le terrain

La cellule de base du MJO a toujours été, et reste, l'équipe d'une dizaine de membres ayant le même âge, ou les mêmes préoccupations éducationnelles et professionnelles. Elle se réunit hebdomadairement, en présence d'un ainé, pour étudier la Parole de Dieu ainsi que l'enseignement de l'Église. Les co-équipiers tentent, par un code de vie commune, fait de prière et d'engagement, de vivre une participation responsable à la vie de l'Eglise et témoigner, dans la mission et le service, dans leur milieu ambiant.

Les équipes dans une même cité se regroupent en ce qui est nommé un 'Centre' ou un 'sous-Centre', selon l'étendue, le Centre étant responsable des sous-Centres opérant aux alentours. Le travail des 'Centres' est coordonné par un 'Secrétariat Général', animé par un Secrétaire Général et des représentants des divers Centres et des responsables des activités communes, qui représente l'ensemble du MJO, veille à sa pérennité et la fidélité à sa vision d'origine. Des Congrès Généraux sont convoqués annuellement, ainsi que divers séminaires de formation et de rencontre des divers groupes d'âge.20 Un an après sa reconnaissance officielle, le Mouvement opérait déjà dans cinq des principales villes du Liban et de la Syrie et dans une vingtaine de villages en dépendant21.

Les principales harmoniques de la pensée du MJO

La charte fut développée, au fur et à mesure, par des documents plus élaborés, fruits

des expériences acquises, des nouveaux besoins de l'Église et des nouvelles interpellations du monde contemporain.22 Plusieurs membres ont participé à cette élaboration, mais Mgr. Georges Khodr en reste le principal inspirateur, sa voix prophétique ne cessant de secouer le MJO. Deux autres personnages (les Pères Lev Gillet 23 et André Scrima24), bien connus des milieux occidentaux, ont contribué aussi à élargir la vision du MJO et à l'ancrer davantage dans la tradition spirituelle de l'Orthodoxie. Toutes ces influences et la réflexion personnelle des membres ont aidé à mieux articuler les harmoniques de la pensée du MJO.

Se convertir au Christ et convertir les orthodoxes à l'Orthodoxie

Un des principes de bases de l'adhérent au MJO est de se mettre à la recherche du Seigneur, dans tous les endroits de sa présence et d'être convaincu que Jésus est toujours dans l'attente de notre rencontre,  nous appelant et à nous comporter comme lui, dans  une metanioa  et une praxis permanentes. L'Esprit Saint, invoqué au début de toute prière dans la tradition byzantine, révèle la présence du Christ, aide à le trouver. Dans sa catéchèse, le Mouvement insiste sur cette nécessaire rencontre personnelle avec Jésus. Cette rencontre se fait à la fois dans  la participation aux 'mystères', le face-à-face de la lectio divina, la 'manducation' de la Parole, la récapitulation de sa vie dans l'évènement liturgique, la mémoire permanente de son Nom et le tête-à-tête de la prière personnelle. Elle se fait encore dans la rencontre aimante des amis du Seigneur, au sein de l'équipe et de  la paroisse, appelées à être des laboratoires d'amour fraternel partagé, et le service de tous les 'petits' auxquels Il s'est identifié.25 Il n'y a d'aventure  qui vaille la peine d'être tentée que celle de la sainteté. Le Mouvement invite ses membres et toutes les personnes de bonne volonté à la tenter, ici et maintenant.

Assumer le sacerdoce et le maximalisme du monachisme

Cette exigence d'engagement personnel prônée par le MJO a amené ses nombreux adhérents à se 'consacrer' réellement au service de l'Église. Nombreux parmi ceux- là devinrent prêtres,

puis évêques dans pratiquement tous les diocèses du Patriarcat. 26  Cette exigence ne s'est pas arrêtée là. Une quinzaine d'années après sa fondation, des membres du MJO fondèrent des fraternités monastiques, renouant ainsi, après des siècles de décadence, avec l'ancien monachisme antiochien. Le couvent des  moniales de Mar Yaacoub (Nord Liban) et celui des moines de saint Georges à Deir El Harf (Mont Liban) abritèrent les premières communautés, suivis par de nombreux autres.27

Mouvement d'Église

L'identité réelle du MJO étant la Vie en Christ28, son seul principe d'organisation est donc l'Évangile vécu, et sa loi celle de l'amour, de la fraternité et du souci du témoignage. Le MJO se considère comme un courant charismatique et prophétique, mû par le Saint Esprit, au sein de l'Église du Christ, qui appelle les fidèles à la repentance et la conversion. L'Église est donc sa véritable patrie. Face à des critiques l'accusant parfois d'être un parti dans l'Église, il ne cesse de répéter que tout groupement qui s'enracine en Christ, est enraciné par le Christ dans son Église. Il ne peut donc se penser vis-à-vis de l'Église, dont il est partie intégrante. 'La Mouvement, écrit G. Nahas, un ancien Secrétaire Général du MJO, s'est voulu mouvement de l'Église dans son élan vers l'Epoux. L'appartenance au Mouvement n'est en définitive qu'une profession de foi en l'Église, et une disponibilité à servir le témoignage qu'elle est appelée à porter'.29 En tant que mouvement d'Eglise, le MJO n'est donc pas un mouvement de laïcs, mais de membres consacrés et engagés dans la vie de l'Église, indifféremment clercs et laïcs.

Responsabilité commune des membres de l'Église. Autorité et obéissance

Le MJO a toujours été extrêmement sensible à la dimension charismatique et communautaire de l'Église30. Les profondes mutations des sociétés traditionnelles, l'affaiblissement de l'éthos évangélique d'Église-communion, ainsi que l'intrusion de  l’esprit du monde dans l'institution ecclésiale ébranlent sans cesse cette dimension. Tout en se posant délibérément dans un respect total de la succession apostolique, le MJO ne cesse 'd'appeler à libérer l'Esprit Saint des carcans que lui impose souvent l'institution. Il s'agit de donner à chacun des membres de l'Église la possibilité de remplir le rôle qui lui est dévolu par l'Esprit, et qu'il doit exercer en communion avec ses frères, et surtout  avec l'évêque, le premier parmi eux. 31

Les membres du MJO se considèrent comme de véritables frères, et s'interpellent de la sorte.

Ils veulent rappeler que le christianisme s'est tout d'abord voulu une 'fraternité' entre des frères égaux de Jésus, appelés à la liberté des enfants de Dieu et au respect de leurs charismes respectifs qui se complètent au  service du Peuple de Dieu.

Depuis quelque temps, cette attitude du MJO dérange un certain nombre d'évêques du Patriarcat d'Antioche. Se faisant les promoteurs d'une vision 'cléricale' de l'Église, ils la divisent en une Église 'enseignante' du clergé et une Eglise 'enseignée' des laïcs, appelés à une obéissance aveugle aux membres du clergé. Le MJO est conscient qu'une pareille attitude, malheureusement répandue dans l'épiscopat de plusieurs Églises orthodoxes, 'non seulement infantilise les prêtres, moines et laïcs, mais elle préconise et sous-tend une vision de l'Église, étrangère à la vraie Tradition de l'Église orthodoxe32. Il se demande si c'est vraiment le moment, quand l'ecclésiologie de communion est de plus en plus acceptée, de dénigrer aux membres du peuple de Dieu, à la fois prophètes, rois et prêtres, de participer de plein droit, selon leurs charismes, au témoignage et à la mission de l'Église 

Le MJO enseigne donc que 'l'obéissance chrétienne ne se comprend que dans une logique de communion. Pour obéir convenablement, il faut être en communion avec le Christ obéissant, obéissant, dans le détenteur de l'autorité ecclésiale, uniquement ce dont le Christ l'a chargé. Or, Jésus a prié son Père pour que ses disciples soient un 'afin que le monde connaisse que tu m’as

envoyé et que tu l’as aimé comme tu m’as aimé' (Jn 17, 23). Lorsque les chrétiens ne s’accordent pas, la prédication est compromise. S'ils sont 'un' dans la foi, sans l'être dans la vie, ils ne peuvent démontrer pleinement leur fidélité à la volonté de Dieu qui est la réconciliation de toutes choses avec le Père en Christ (Col 1, 20). Tant que l'Eglise n’est pas la communauté de réconciliation que Dieu l’appelle à être, elle ne peut prêcher adéquatement l'Evangile ou proclamer de façon crédible le plan de Dieu, qui est de rassembler son peuple dispersé, dans l’unité, sous le Christ

comme Seigneur et Sauveur (Jn 11, 52). … C'est dans nos différences acceptées dans la communion que se signifie l'universel et non dans une unité factice qui ne sert qu'à interdire le vrai débat'.33

'Mais, pour qu’il y ait communion, il faut qu’il y ait des organes de communion et de conciliarité, comme prévu par les lois antiochiennes34, à tous les plans de la vie de l'Eglise. Ces

organes doivent assurer, selon l’esprit et la lettre de ces lois, une active participation de prêtres,

moines et laïcs, représentant les forces vives d'une paroisse, d'un diocèse ou du patriarcat,

en communion avec le 'primus inter paris', à chacun de ces niveaux. Censés être formés de membres 'christifiés', ces organes ne doivent pas seulement s'occuper du  suivi des affaires dites

“matérielles” de la communauté, mais de tout ce qui touche la vie de l’Église, ce 'corps commun' dont nous devons tous prendre soin, selon l’expression de saint Jean Chrysostome. …

C’est dans ces organes que les membres de l'Église doivent apprendre à réfléchir, planifier et

participer ensemble … au gouvernement de toute l’Eglise. C’est dans ces organes que ceux qui

 ne participent pas au Saint-Synode, auront l’occasion de communiquer à leur évêque leurs opinions sur les problèmes débattus ou à débattre au sein du Synode, lui demandant, s’il en est convaincu, d’en faire part à ses frères évêques. C’est par l’intermédiaire de ces organes que ces membres du peuple de Dieu devront exprimer leurs préférences quant au choix de leur nouvel évêque, en cas de vacance de leur siège épiscopal et les communiquer au Saint synode, selon la pratique ancestrale de l'Église.35

'Il faut que les gens du dehors puissent dire : ' voyez comme ils s’aiment, comme ils s’obéissent les uns aux autres, comme ils se respectent et se consultent, dans l’harmonie et la synergie de leurs charismes, comme ils ont tout en commun', à l’image de Celui – le Dieu Trinité – dont ils sont appelés à être l’icône.  Hélas, il nous faut avouer … que l’Eglise, trop souvent accaparée par des problèmes d’organisation institutionnelle, de conflits personnels  ou de défense apologétique, n’actualise pas toujours, dans sa plénitude, l’amour du Christ pour l’homme et donc de l’homme pour l’homme. Il ne faut pas accepter cette situation comme une malédiction, une fatalité. Le Christ est mort pour nous. Nous ne pouvons pas nous permettre d’abandonner son Corps à la faiblesse des hommes'.36

De nos jours, cette problématique est de plus en plus celle du MJO qui considère qu'il est urgent 'de faire de nos assemblées eucharistiques et de nos institutions ecclésiales de véritables endroits d'accueil, de partage, de service et de communion.  Des lieux, où l’unité de l’humanité s’expérimente, au-delà des différences d'opinions et où 's’ébauche la métamorphose du pouvoir en service, de l'avoir en offrande et partage et de l'histoire en construction du Royaume'.37 Ces endroits doivent devenir des 'laboratoires de la fraternité; de la liberté en communion, du respect des charismes, du partage et de l'expérience existentielle de la divino-humanité dont les chrétiens ne peuvent se passer s'ils veulent avoir une chance de dialoguer avec le monde, et lui faire

redécouvrir le sens qu'il semble avoir perdu'.38 Autrement, l'Église cessera de présenter au monde une alternative de vie, et deviendra de moins en moins sa conscience.

L'éducation: promouvoir une culture chrétienne de masse

Face aux carences flagrantes dans le domaine de la catéchèse et de l'éducation, à l'éclosion du MJO, les fondateurs s'attaquèrent en priorité à ce domaine. Ils se devaient de pourvoir une

initiation à la vie de l'Église aux enfants. Ils le firent par des Ecoles de dimanche, bientôt ouvertes dans tout l'espace Antiochien. Pour sa part, la revue An Nour,39 organe officiel du MJO, publiait des articles de fond sur la vie spirituelle, les saints et des écrits patristiques, que ces

jeunes découvraient et se hâtaient de mettre à disposition. Dès le début des années 1960, les Editions An Nour40, qui ont édité, à ce jour, plus de 300 titres, couvrant catéchèse, pastorale,

problèmes de l'adolescence et de la jeunesse, théologie, dogmatique et apologétique contre les sectes néo-protestantes, ainsi que de nombreux textes patristiques. Ecrits pour la plupart par des membres du MJO41, distribués  dans un public dépassant les limites de la communauté orthodoxe, certains ouvrages ayant une audience musulmane, tant les articles de la revue que les livres servaient en outre à nourrir la réflexion des membres du MJO au sein de leurs équipes. Très tôt, ce souci d'éducation insista sur la nécessaire formation des prêtres et fut un des éléments moteurs derrière la fondation de l'Institut de théologie saint Jean Damascène, à Balamend.42 De même, de nombreux jeunes furent encouragés à y entreprendre des études théologiques, poursuivre ces études à l'étranger et pour certains, professer au Liban ou à l'étranger.

La réflexion du MJO dans le domaine de l'éducation a évolué avec les années. Comme l'écrit Georges Nahas, 'l'expérience, le développement mondial de la pédagogie et des techniques nouvelles, une redécouverte de la richesse de la Tradition, la maturité, ont mené à des remises en question  et à une certitude  que l'éducation dans l'Église et par l'Église n'est pas l'instruction religieuse, (qui) n'en est qu'une composante. Il ne s'agit plus de se suffire de remodeler des principes établis par d'autres et pour d'autres, mais de découvrir ce qui nous est propre et nous convient le mieux suivant une orientation pédagogique  ancrée dans la tradition anthropologique de l'Église et sa vision de Dieu dans le monde. Une telle éducation doit être conçue, préparée et vécue dans une intégration totale et mutuelle entre la vie de la paroisse, celle de la famille et le témoignage dans le monde.'43 Cette approche s'oppose, entre autre, à une répétition béate des dits des Pères, si courante en Antioche et le monde orthodoxe, pour mieux promouvoir l'acquisition de l'esprit avec lequel les Pères ont abordé les problèmes de leurs temps et ont réussi à le christianiser.

Église et communauté confessionnelle (ta'ifa)

Lors de la naissance du MJO, la communauté orthodoxe, était encore profondément marquée par le système ottoman des millets, l'action politique empiétant et souvent occultant le témoignage

proprement chrétien. Les évêques et certains notables se plaisaient à jouer un rôle édulcoré 'd'ethnarques', ne voyant le renouveau que par une réorganisation des structures, la défense des 'droits' civiques de la communauté et une meilleure gérance de ses ressources financières, pratiquement sans référence à Jésus de Nazareth. Sans discréditer certaines de ces réformes structurelles, le MJO a tenu à faire une distinction nette entre Église et ta'ifa, la ta'ifa n'étant pas

l'Église, bien qu'elle soit appelée à s' y intégrer, en assumant la Bonne Nouvelle évangélique. Dans son explication des principes de base du MJO, Georges Khodr écrit: 'Nous réfutons d'une manière catégorique l'aspect politique de la ta'ifa, car nous sommes entièrement fidèles au Christ, et nous préférons la mort à 'profiter' du Christ en vue d'une politique politicienne, même

si elle concerne notre ta'ifa. Nous ne sommes pas une organisation orthodoxe dans le sens d'un regroupement confessionnel pour défendre les intérêts des orthodoxes et promouvoir leur statut au sein de la société civique. Nous n'œuvrons en rien en vue de leur gain matériel, ou leur prestige ou encore leur hégémonie. Nous ne sommes pas une organisation orthodoxe dans le sens confessionnel étroit et refermé sur soi'44. Un jeune dirigeant reprenait plus tard ces idées en ces termes: 'nous ne pouvons être de vrais chrétiens si nous continuons à nous définir en nous opposant aux autres, ou si nous acceptons de rester dans un monde de cloisons étanches où chaque communauté se replie sur elle-même dans une défense jalouse et stérile de ses droits'45. En fait, la critique du confessionnalisme, de plus en plus implanté au Liban, repose sur le refus radical 'de l'idée d'une cité chrétienne', de toute 'équivalence entre l'Église et les regroupements temporaires des chrétiens' et dans l'affirmation de' l'indépendance du christianisme par rapport à toute terre; civilisation ou système'46. Ces idées ont fait l'objet d'une abondante littérature47  et continuent d'être de mise, malgré la détérioration de la situation libanaise et l'emprise, de plus en plus approfondie, du confessionnalisme sur les esprits.

Renouveau des structures dans l'Église

Le MJO s'est fait le héraut de la nécessité d'un renouveau des structures de l'Église, pour quelles cessent d'occulter la Face du Christ. Il a encouragé ses membres à s'intégrer autant que possible dans les conseils paroissiaux et les institutions de l'Église (biens domaniaux, hôpitaux, hospices, université, écoles, orphelinats, foyers, etc.) pour tenter d'y insuffler, avec l'aide de leurs collègues, un nouvel esprit, et faire en sorte de leur donner une spécificité chrétienne. Le

travail dans ce domaine est immense, et il reste toujours à ses premiers pas, tant il faut lutter contre les aléas économiques de ces institutions et l'emprise de l'esprit et des pratiques du monde dans leur gérance, au risque de leur faire perdre toute spécificité chrétienne. Conformer nos institutions à l'esprit évangélique demeure toujours une urgence, car selon Georges Khodr, 'il est toujours important que le Christ n'aie pas honte de nous'48, et que nous n(hésitions pas de dire à celui qui nous interroge sur notre foi: 'Viens et vois'.

Présence aux souffrances du monde: le sacrement du frère

Un des principes de base du MJO stipule qu'il doit 'affronter les problèmes sociaux à la lumière de l'enseignement chrétien'. Cet enseignement fut largement développé, se focalisant surtout autour des paraboles du Jugement et du Bon Samaritain, et la pensée des Pères.

 Tout homme placé Dieu sur notre chemin est notre « prochain », et c’est en lui que le Christ se présente à nous.

Cette attention au frère, en particulier celui qui est dans le besoin, est un thème récurrent de la pensée du MJO, appelant à partager ce qui est donné par Dieu gratuitement, car il appartient

à tous, ceux qui le possèdent n'en étant que les gérants. Des affirmations de Basile le Grand, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome reviennent abondamment dans la littérature MJO.49 En particulier, Jean Chrysostome parle du 'sacrement du frère', allant jusqu'à affirmer que l'autel du frère 'a plus de grandeur que l'autre (celui de l'église)'50. D'où l'insistance constante du MJO à 'prolonger' le 'sacrement de l'autel' par le 'sacrement du frère', et à rappeler l'immense dignité du pauvre et son droit à profiter du pain ou du vêtement que gardent en surplus les possédants, qui sont proprement des voleurs, s'ils n'en font pas bénéficier ceux qui en manquent, dans lesquels habite le Christ.

Le souci du frère ne doit cependant pas se limiter à subvenir à ses besoins, mais à œuvrer à en diminuer les causes. Un document officiel du MJO, publié à l'issue d'un de ses Congrès Généraux, sur 'L'engagement dans le monde', affirme qu'un tel engagement 's'enracine dans le mystère même de l'Incarnation, … que le Royaume commence ici bas par l'instauration de la justice, de la liberté et de la paix parmi les hommes … et par l'actualisation de notre amour des hommes, ici et maintenant'51. Ce document affirme aussi que l'engagement chrétien ne peut se faire que dans les respect de l'éthique évangélique. Il s'agit 'de travailler avec nos concitoyens et toute âme de bonne volonté, sans aucune exclusive, à l'œuvre d'humanisation de l'ordre terrestre, … sans peur de se salir les mains. … Tout en sachant qu'aucune forme sociale ne peut être dogmatisée et que tout système tombe sous le jugement de Dieu, dans la mesure où il n'est pas capable de se reformer lui-même, en réponse à l'appel pour plus de justice, chaque chrétien doit participer, à sa mesure, à éveiller les hommes, et partant à changer les structures pour s'opposer à toute exploitation de l'homme par l'homme. Cette opposition prendra diverses formes, car l'Evangile n'est pas une recette sociale, mais un événement de vie. Le chrétien ne proposera pas des lignes d'action politique qui seraient les seules valables du point de vue chrétien, ni même des "perspectives" plus générales, si par perspectives on entend la réduction de l’événement évangélique à certaines valeurs dynamisantes'.52 Cet engagement doit se baser sur 'l'amour actif, inventif, résolu, sans espoir de réussite totale et stable dans l'histoire, ... mais animé par une vision totale de l'homme en Christ, de l'homme qui a besoin de pain, mais aussi de responsabilité, d’amitié, de beauté et d’éternité'53.

Cette pensée est mise en pratique dans les institutions médico-sociales fondées et dirigées par le

MJO. Il se fait un point d'honneur que ces institutions (dispensaires sociaux-médicaux, œuvres sociales pour les sourds muets, parrainage scolaire, etc.) soient des endroits ouverts à tous, sans discrimination de race ou de religion, où règne, dans la mesure du possible, l'amour et la sollicitude du Christ. Sont accueillis régulièrement dans ces centres sociaux, opérant dans plusieurs régions du Liban et de la Syrie, des centaines de familles qui sont suivies par des assistantes sociales qualifiées et des bénévoles du MJO. De même, depuis le lancement du programme de parrainage scolaire, en 1978, des milliers d'écoliers ont pu poursuivre leurs études, quand leurs parents hésitaient à les envoyer à l'école, pris dans le dilemme poignant entre le pain et l'éducation.

Cette pensée sociale est aussi mise en pratique dans la solidarité avec les grandes causes du monde environnant. 'La défaite arabe de 1967 … déclencha un processus de réflexion sur le devenir du monde arabe, d'un point de vue croyant, et à partir de la tragédie du peuple palestinien'54. Et Georges Khodr d'écrire alors: 'Le 5 juin 1967, j'ai choisi l'arabité parce que j'ai vu ce jour là que Jésus de Nazareth était devenu un réfugié palestinien'55. 'Le soutien … à la cause palestinienne est souvent accompagné d'une critique théologique radicale du sionisme et d'une certaine pensée chrétienne 'philo-sioniste'. Cette critique … exprimée dans divers forums œcuméniques, comprend un refus du littéralisme biblique et des formes plus subtiles d'une utilisation des textes bibliques pour légitimer une entreprise politique, … et surtout une opposition à une 'théologie de la terre' au nom d'une 'théologie de la justice'56. En 1970 et 1972, les membres du MJO contribuèrent largement au succès des 'Conférences Mondiales pour la Palestine', organisées par l'un d'entre eux57.

Un autre domaine d'application de la pensée sociale du MJO est dans l'aspiration, teintée d'une certaine dose d'utopisme, dans le contexte arabe actuel, vers la laїcité. C'est une aspiration à une intégration nationale, au-delà des intérêts communautaires étroits. D'ailleurs, une lettre encyclique du Saint Synode Antiochien, aux débuts de la guerre libanaise, se prononçait 'contre tout tribalisme chrétien et toute entité politique dite chrétienne, car la solidarité est d'ordre national et s'exprime dans un devenir commun'58. Durant la guerre libanaise, avec son lot de souffrances pour toutes les communautés, la majorité de la communauté orthodoxe a toujours refusé, malgré maintes invites, … de former des milices armées 'orthodoxes', dans un rejet total de la violence, … souhaitant que les orthodoxes deviennent un jour des conciliateurs. 'Le vrai problème, écrit Georges Khodr, n'est pas de savoir si nous allons survivre, mais plutôt si nous avons pu devenir des hommes qui, parce qu'ayant expérimenté l'énergie divine en leur corps et en leur âme, ont repris confiance en l'existence et en la sainteté d'une humanité appelée à devenir tout entière le champ de l'action divine, et le point de départ de rencontres avec sa lumières. … Celui qui se vêt de lumière … n'est pas distrait par les temps mauvais, et rien ne doit l'angoisser… Le chrétien qui a peur n'a pas réellement goûté la Résurrection. … L'esprit de la Résurrection est la seule réponse. … Nous continuerons donc à porter témoignage, du milieu de notre souffrance, jusqu'à ce que la Paix de Dieu nous soit donnée'59.

Ce témoignage ne s'est pas contenté de discours, mais en plus de nombreuses actions d'aide aux populations de tous bords, des équipes du MJO ont essayé de 'poser des gestes prophétiques de réconciliation, telles ces expériences de carême de partage dont le fruit résultant des privations de ceux qui le pratiquaient, est distribué aux pauvres de 'l'autre bord', … comme ces groupes de jeunes qui passent des nuits entières en vigiles de prières, comme ce nombre toujours croissant

de gestes humbles, petits aux yeux du monde, mais qui vont dans le sens de l'ouverture, de

l'acceptation de l'autre, de prier pour 'l'ennemi', et lui accorder le pardon sans lequel, le Seigneur nous l'a dit, 'nos péchés ne nous seront pas pardonnés'60.

Promouvoir la spécificité antiochienne

'Le rôle du MJO à l'intérieur de l'Église d'Antioche, et à travers le 'monde orthodoxe' véhicule une conscience de la spécificité antiochienne. Dans un contexte où de plus en plus d'orthodoxes affirment leur loyauté à leur nation et s'attachent à l'arabité culturelle, il se veut tourné vers un avenir façonné par les impératifs de témoignage dans un contexte arabo-musulman. Ainsi se dessinent les contours de la double spécificité orthodoxe et antiochienne. …illustrée par une déclaration de l'évêque Georges Khodr, lors de l'inauguration de l'Institut de théologie saint Jean Damascène: ' Cet Institut se propose une vocation antiochienne. On donnera une importance particulière aux Pères de l'Église qui ont vécu dans cette région. Sa tâche principale est de contribuer à l'élaboration d'une théologie orthodoxe qui s'exprime en arabe, et qui s'adresse à l'homme arabe''61. Spécificité résolument orthodoxe, d'une orthodoxie voulant retrouver la vision des origines, et passer de l'Église-musée à  une Église vivante, enracinée dans la véritable Tradition et ne craignant pas d' interpeler les traditions humaines pour refléter la lumière du Maître. Spécificité aussi résolument arabe, essayant de retrouver, à travers les vicissitudes de l'histoire et certaines déchéances actuelles, le vrai génie de l'arabité, dans ses composantes chrétiennes et musulmanes. Vivre l'orthodoxie en tant que citoyens arabes pour témoigner dans le monde musulman. Il s'agit de mettre en lumière la présence du Christ et de Sa mère dans le Coran et dans la culture arabo-musulmane, tout en méditant le mystère du dessein de Dieu sur le monde qui nous entoure, qui était autrefois majoritairement chrétien. De là l'invitation pressante de Georges Khodr à 'réveiller (le Christ) qui dort dans la nuit des religions'62, pour déchiffrer son économie vis-à-vis de l'Islam et ce qu'il attend vraiment des chrétiens d'Orient. Cette conscience d'être 'L'Église des Arabes'63, une communauté chrétienne, 'jetée dans le destin arabe, dans une aventure d'amour bannissant la crainte et refusant de se recroqueviller dans un narcissisme meurtrier'64, reste pour le MJO et nombre d'orthodoxes, un des signes importants de leur identité, malgré les désillusions et les vicissitudes vécues par l'arabité.

Retrouvailles orthodoxes

Dès les premières années de sa fondation, le MJO a établi des liens avec des mouvements de jeunesse orthodoxe en Palestine, Grèce et dans la Diaspora d'Europe Occidentale. Ces contacts aboutirent en 1952 à la fondation de Syndesmos, fédération des mouvements de Jeunesse

orthodoxe dans le monde, dans le but d'engager les jeunes à œuvrer pour le renouveau, dans leurs

Églises respectives, et de joindre leurs forces pour mieux répondre aux interpellations de la modernité. Le MJO a joué un rôle de premier plan dans le développement de Syndesmos, certains de ses membres ayant servi, durant de nombreuses années, comme présidents ou secrétaire généraux de l'organisation65. Entre les tendances 'russes', alors représentées surtout par des français, issus de l'émigration, ouverts aux valeurs du progrès, et 'grecques', plus enclines au traditionalisme, le MJO y a joué un rôle catalyseur, dans l'esprit de la tradition irénique antiochienne.

Retrouvailles orientales

Dès l'origine, le MJO s'est ouvert au mouvement de renouveau spirituel dans l'Église copte. Des liens de solide fraternité se sont tissés avec les dirigeants de ce renouveau, en particulier avec le Père Matta al Maskine. Ces relations ont amené le MJO à découvrir très tôt que la 'rupture' avec les 'non-chalcédoniens' avait surtout des raisons culturelles, politiques et ethniques, camouflées sous le couvert de différends théologiques. Des études y furent consacrées, dans le revue An Nour, appelant à dépasser les meurtrissures de l'histoire pour retrouver 'l'unité orientale et réaliser la complémentarité entres les diverses branches du patrimoine spirituel oriental'66. Ces appels trouvent un accueil favorable auprès de l'autre partie, suscitant plusieurs réunions regroupant des membres du MJO et des Syriaques, des Coptes et des Arméniens. Bientôt, les organisations de jeunesse de ces Églises deviennent, à l'instigation du MJO, des membres associés de Syndesmos. Ces divers contacts  permirent surtout un changement des attitudes de méfiance et de suspicion, héritées, de part et d'autres, d'une longue histoire d'animosité et 'd'estrangement'. Ils aboutirent enfin à la convocation, à l'initiative du MJO,  d'un séminaire théologique, en mars 1972, à Balamand, qui publia, bien avant les réunions officielles de dialogue entre Églises chalcédoniennes et non-chalcédoniennes, une déclaration commune affirmant que la divergence entre partisans et adversaires du quatrième concile œcuménique de Chalcédoine était purement verbale, et que les deux groupes d'Églises professent la même foi christologique, utilisant toutefois une terminologie différente67. Un certain nombre de décisions pour implémenter cet accord et ceux, plus officiels qui l'ont suivi, attendent toujours d'être  entérinées par les autorités des deux Églises. Mais, il est d'ors et déjà possible aux Syriaques et aux Orthodoxes chalcédoniens, vivant dans des endroits où ils n'ont pas d'églises particulières, de communier les uns chez les autres. De même, des  initiatives unifiant les programmes catéchétiques sont amorcées, ici et là. 

Retrouvailles chrétiennes

Malgré le climat de méfiance réciproque et de dénigrement de l'Eglise Orthodoxe pratiqué dans les écoles de mission68, qui prévalait encore aux tout débuts du MJO, ses dirigeants formèrent, avec des amis maronites et grecs-catholiques,69 le 'Groupe saint Irénée', plateforme d'échange et de rapprochement. Ce groupe représente la première initiative de rencontres 'œcuméniques' dans nos pays. Un des principes de base du MJO stipulait d'ailleurs qu'un des buts du MJO était de 'participer à l'œuvre œcuménique de l'Église Orthodoxe et à sa mission envers l'humanité'. Cet engagement à rapprocher les chrétiens et guérir leur mémoire se développa au cours des années, tant par la participation aux Assemblées et réunions du Conseil œcuménique des Églises, que par l'adhésion du MJO à des organismes internationaux, tels la Fédération Mondiale des Etudiants

Chrétiens (WSCF), et finalement par la fondation et le développement du Conseil  Oecuménique des Églises du Moyen-Orient (MECC). Durant de nombreuses années, des membres du MJO représentèrent l'Église d'Antioche dans toutes les instances œcuméniques, et dirigèrent le bureau régional de la WSCF,70 que le secrétariat général du MECC71 . En prônant un esprit d'ouverture envers les autres chrétiens et affirmant que les temps des ghettos, surtout spirituels, sont définitivement révolus, la pensée du MJO s'opposait à toutes formes de syncrétisme et d'œcuménisme sentimental à la va-vite, devenues courantes au Liban durant et après la guerre, dans un réflexe d'auto défense, ainsi que les 'hospitalités eucharistiques' sauvages, considérées comme des formes larvées de prosélytisme. Il appelle à garder l'équilibre entre l'amour fraternel et la vérité divine. 'Eviter donc le double langage à la libanaise, les formules ambigües, la non-conformité des actes aux paroles, tout ce qui pourrait mener à l'effritement du sens de l'appartenance ecclésiale des uns et des autres, et tout rassemblement de chrétiens, à tout prix, dans un quelconque esprit de croisade.  … Mais plutôt apprendre à nous reconnaître frères dans 'l'esprit de la Croix, qui est le Saint-Esprit'72. Nous mettre ensemble à l'écoute des chuchotements de cet Esprit, pour prier et effectuer un retour commun aux sources. Acquérir les uns et les autres, les uns par l'exemple des autres, un style de vie et de témoignage authentiquement évangélique. Répudier toute pratique prosélyte et unir nos efforts pour les mettre au service de tous les hommes. L'unité nous sera donnée par Celui qui a prié pour elle quand nous l'aurons mérité, … car 'les murs de la séparation ne montent pas jusqu'au ciel'73'74.

Être les ambassadeurs de l'Église envers la modernité et promouvoir une culture du partage

Dans une missive que j'avais adressé en 1966 aux jeunes du MJO, j'insistais sur cette dimension essentielle de la mission des jeunes. Je leur disais: 'Vous êtes le bras de l'Église, ses

ambassadeurs envers le monde et la modernité. Vous êtes plus sensibles aux changements de

mentalité qui y ont vu le jour, durant les dernières décennies. Vous savez mieux que les anciens ce qui, dans le ton et le langage de l'Église n'est plus compris par vos jeunes congénères. Vous êtes responsables de tout jeune de votre génération qui, à cause d'une incompatibilité de langage ou de méthode, ne parvient pas à déchiffrer nos symboles, et découvrir le Christ dans son Église.

C'est à vous de nous dire ce qu'il faut faire. Il y a urgence. N'ayez pas honte de vos idées. Il ne

faut pas nécessairement avoir un diplôme de théologie pout être théologien, car dans la tradition de notre Église, 'est théologien celui qui sait prier'. Il nous faut beaucoup d'imagination et nous remplir de la folie de l'Évangile, pour que l'Esprit nous donne d'inventer des formes nouvelles, dans le respect de l'esprit qui fonde nos textes actuels, pour les rendre accessibles au plus grand nombre, et  revivifier notre Tradition, que des traditions tardives emprisonnent sous un foisonnement de rites, d'habitudes, de signes, et parfois - hélas - de superstitions. … Ce souci missionnaire ne doit pas se limiter aux jeunes. Souvent les pères n'attendent pour se convertir qu'un mot de leur fils. Vous avez la force de porter sur vos épaules toute la détresse du monde. Brisez les carcans. Sortez des ghettos. … Vous êtes appelés à faire bouger des montagnes. N'acceptez pas les demi-mesures, les pis-aller, la mentalité du 'juste assez pour être en règle'. … Parlez bien haut. L'Église d'Antioche a soif de paroles de vérité. Le silence actuel, sauf quand il se transforme en prière, devient lourd à supporter'.75 Ce témoignage face à la modernité nécessite, 'la sobre et patiente confrontation du christianisme avec les tâches culturelles, économiques et politiques et les nouvelles problématiques morales', et devrait 'pouvoir bannir le double soupçon du théologien qui redoute que l'anthropologue ne relativise le message au niveau des syncrétismes et de l'anthropologue qui flaire dans l'assurance théologique une inculture qu'il taxe si souvent de dévastatrice'76. Comme le dit le Patriarche Ignace IV, il faut savoir 'écouter avec une attention aimante et un total respect, ensuite rendre grâce pour la profusion des dons divins ... enfin se remettre à Dieu dans la prière et l'amour de l'autre, lorsqu’apparaît une incompatibilité, une limite qui semble infranchissable'77. Le MJO répercute ce message, en encourageant ses membres à 'écouter, aimer et prier', et éviter, à la fois, les anathèmes, le relativisme et tout syncrétisme, tout en s'ouvrant à 'toutes les explorations du divin et de l'humain, … sans autre critère que l'amour de l'un et de l'autre, … en posant pour tout critère l'homme et sa liberté … et Dieu et son amour'78.

'La foi chrétienne devra donc se faire présente au monde en promouvant la gratuité, en affirmant un certain nombre de valeurs de vie et posant un certain nombre de questions essentielles, en dénonçant la violence, l'oppression et l'injustice, en humanisant l'ordre terrestre et en essayant de présenter le Seigneur au monde et de récolter le Dieu éparpillé et caché en lui'79. Selon l'expression d'Olivier Clément, ce mode de présence des chrétiens au monde est celui 'd'un partenariat prophétique, … pour faire réfléchir la société sur l’énigme de l’homme, sur le respect de sa liberté, sur les raisons possibles de sa capacité d’amour, de tendresse et de bonté, sur le sens de l’ascèse, le mystère de la beauté, la non fatalité de l’emprise de la mort, le salut en communion, le salut comme communion, le sens de la fête et de la gratuité'80.

Dans un monde où tout est permis, où la liberté semble avoir lâché ses brides, les membres du MJO tentent de rappeler la nécessité du partage, 'par la sobriété de leur vie, la limitation volontaire des besoins, une certaine pauvreté voulue par souci de l'autre.. … Par leur souci de retrouver la place et l’efficacité du jeûne, comme moyen d’expression et de témoignage, ils préconisent  un antidote à notre société de consommation.  Par leur refus catégorique de toute

sorte de violence, même verbale, ils encouragent le langage de la douceur et de la conciliation.

Par les efforts qu'ils mettent à aimer leurs ennemis,  ils brisent le cercle de l'agression et de la vengeance. En priant pour ceux qui les calomnient, en bénissant ceux qui les maudissent, en prêtant sans espoir de retour, et en incarnant malgré tout  l’esprit des Béatitudes, ils suggèrent des méthodes et des actions nouvelles pour résoudre les problèmes entre les hommes'81.

Après environ 70 ans d'existence, les membres du MJO occupent maintenant des positions diverses dans l'Église et la société. Ils essaient d'y appliquer ses principes, avec plus ou moins de bonheur. Mis à part les évêques, prêtres et moines et les nombreux lycéens et étudiants, on trouve, parmi eux, des médecins, des ingénieurs, des juristes, des hommes d'affaire, des professeurs d'université et de théologie, des maîtres d'école, un des meilleurs romanciers du monde arabe, des journalistes, des politiciens, des employés et des ouvriers, ce qui laisse espérer, s'ils demeurent tous fidèles à leur engagement et à leurs principes, une influence, certes modeste, mais efficace, dans  les divers milieux où ils rayonnent.

Il faut donc 'garder notre esprit en enfer et ne pas désespérer'82, car rappelons-nous le Buisson Ardent, dans la fournaise le Seigneur est avec nous. Je crois que c'est là une des ambitions essentielles du MJO.

Pour finir, quelques témoignages sur le MJO

Pour terminer, et ne pas nous limiter aux témoignages des membres du MJO sur eux-mêmes et leur Mouvement, je voudrais conclure par ces quelques citations, glanées dans des ouvrages sur l'Église Orthodoxe. Parlant de l'Orthodoxie arabe, Olivier Clément écrit: 'Au Moyen-Orient, l'Orthodoxie arabe du Patriarcat d'Antioche a été rénovée par le MJO dont l'action aujourd'hui est surtout apostolique et sociale. De ce Mouvement proviennent plusieurs évêques parmi les plus remarquables de l'Orthodoxie contemporaine. …Et ces orthodoxes ont engagé un dialogue en profondeur avec l'Islam'83. Et Timothy Ware (Mgr. Kallistos) de dire en 1964, que le MJO est une 'remarquable organisation fondée par un petit groupe d'étudiants en 1942'84. Enfin, le Père Jean Meyendorff écrit: 'L'Orthodoxie arabe connaît un renouveau après la deuxième guerre mondiale grâce au Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe, cadré par de jeunes universitaires. …

Le Mouvement présente un grand espoir pour l'avenir'85. L'avenir est entre les mains de Dieu. Quant à nous, nous vivons d'espérance.

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1 - Georges Khodr,  maintenant métropolite du Mont Liban.

2 - Périodique du MJO 'Lumière', no. 6, octobre 1942, article intitulé ' Le sens du Mouvement'.

3 - Marcel Morcos, devenu fondateur et higoumène du monastère saint Georges de Deir El Harf, au Mont Liban.

4 - Lumière, juillet 1944, article intitulé 'Faire le point'.

5 - Spiro Jabbour, maintenant diacre dans le diocèse du Mont Liban,

6 - Revue An Nour, en arabe, 1945, in article intitulé 'Le Mouvement, un mouvement de renouveau'.

7 - Albert Laham, maintenant avocat d'affaires.

8 - 'Lumière', no. 16, février 1944, in article intitulé 'Fondement de notre action', et en arabe n 'Qui sommes-nous?', revue An Nour 1945.

 9 - Extrait d'une lettre en arabe du Patriarche au secrétaire général du MJO, cité dans 'Lumière', no. 6, 1942.

10 -  in 'L'Orthodoxie, Église des sept Conciles', DDB, 1964, p. 190.

11 - Tarek Mitri, in 'Conscience de soi  et rapport à autrui chez les Orthodoxes au Liban', Thèse de doctorat du 3ème cycle, ronéotypée, 1985, pp. 311 - 321.

12 - Raymond  Rizk, in 'Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe', conférence prononcée le 29 avril 1966, à l'occasion du 24ème anniversaire du MJO, reproduite dans Travaux et Jours, no. 19, 1966.

13 - op. cité.

14 - Gabriel Saadé, dans la revue An Nour, 1998, nos. 1 à 5.

15 - Georges Nahas, in 'Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe', Proche-Orient Chrétien, 43, 1993.

16- Personne ne se déplaçait sans un Nouveau Testament en poche

17 - Lus dans les manuscrits soigneusement copiés durant les années ottomanes qu'ils retrouvaient dans les greniers.

18 - La traduction en français (faite par le Père Lev Gillet) du livre du Père Serge Boulgakov sur 'L'Église Orthodoxe' , 'La théologie mystique de l'Église d'Orient' de Vladimir Lossky et certains ouvrages des Sources Chrétiennes, étaient devenus leurs livres de chevet.

19 - Tomos patriarcal du 22 janvier 1946.

20 - En particulier, les écoles de dimanche et les groupes d'adolescents, d'étudiants, d'ouvriers et de familles.

21 - Actuellement, le nombres des Centres a atteint la douzaine, chacun ayant plusieurs sous-Centres.

22 - Parmi les plus importants, en arabe: 'L'explication des principes de base',  'Le Mouvement et l'appartenance confessionnelle', ' Le monachisme', 'La théologie du Mouvement'  et 'Le Mouvement et le renouveau orthodoxe' par G. Khodr, publiés respectivement dans la revue An Nour en 1950, 1953, 1958, 1961 et 1963;  'Le Mouvement et l'Église' par le Père Ignace Hazim  (actuellement Patriarche d'Antioche) dans An Nour, 1958;  ' L'engagement' et 'La vie intérieure du Mouvement'  par le grand éducateur et professeur d'université, docteur Costi  Bendaly, respectivement dans An Nour 1960 et 1962; 'Vivre en la sainte présence de Dieu', 'Les interpellations du monde contemporain', 'La vie en Christ' par  R. Rizk, respectivement in 'Antioche se renouvelle. Témoignages et Textes sur le Mouvement', Editions An Nour, pp. 403-414, Actes du 14ème Congrès Général du MJO, 1974 et An Nour, 1996 et 2002; 'Une nouvelle lecture des principes de base'  et 'L'unité du travail de renouveau'  par le docteur G. Nahas, éducateur, ex-doyen de l'Institut de théologie de Balamand et vice-Président de l'Université de Balamand,  respectivement in 'Antioche se renouvelle', op. cité, 1979,  pp.432-455 et 1985,  pp.464-475; Plusieurs autres textes sur  l'éducation, l'engagement dans le monde, le travail pastoral, la communication, les médias et le travail œcuménique, op. cité, pp.282-328, 415-424 et 479-488.

 23 - Hiéromoine français qui signait ses livres sous le pseudonyme  'Moine de l'Église d'Orient' qui a écrit plusieurs de ses ouvrages, au Liban qu'il visita souvent à partir de 1948,  à l'intention des membres du MJO.

24- Hiéromoine roumain qui a fait de fréquents séjours au Liban , à partir de 1966, et a  lié le monachisme antiochien renaissant à la tradition hésychaste, toujours vivante en Roumanie.

25 - Pour plus en détail, R. Rizk, 'La Vie en Christ', in Service Orthodoxe de Presse, Document SOP no. 269, juin 2 002, pp 11-23.

26 - Parmi les évêques du Patriarcat d'Antioche durant les cinquante dernières années qui sont sortis des rangs du MJO, ou l'ont fréquenté longuement, l'actuel Patriarche Ignace IV (Hazim) et les métropolites Georges (Khodr) du Mont-Liban, Constantin (Papastephanou) du Koweit, Iraq et Emirats Arabes Unis, Youhanna (Mansour) de Lattakieh, Elias (Aoudé) de Beyrouth, Ephrem (Kyriakos) de Tripoli, Paul (Yazigi) d'Alep, Saba (Esber) du Houran, Youhanna (Yazigi) d'Europe Occidentale, feu Paul (Bendaly) du Akkar, et d'autres, ainsi qu'un très grand nombre de prêtres.

27 - De nos jours, il existe dix-huit  monastères actifs au sein du Patriarcat d'Antioche, 12 de moniales et 6 de moines, dont 7 sont dirigés par d'anciens dirigeants du MJO, en plus d'une dizaine de couvents anciens sans aucune  vie communautaire.

28 - Mgr. G. Khodr  intitule un de ses articles dans la revue An Nour: 'Nous n'avons  d'autre seul programme que le Christ', An Nour, 1953.

29 - in 'Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe', Proche-Orient Chrétien, 43, 1993, p.72.

30 - Pour mieux clarifier la problématique du MJO, se référer à deux études de R. Rizk, sur 'Autorité et Obéissance', An Nour, no. 5, 2010, et 'Prêtres et laïcs', An Nour, no. 7, 2010, dont nous citons quelques extraits ci-après.

31 - R. Rizk, in 'Prêtres et laïcs', op. cité, p.382.

32 - R. Rizk, in 'Autorité et Obéissance', op. cité, p. 237.

33 - op. cité, p. 233-234.

34 - Il s'agit des conseils de paroisse, de diocèse et de patriarcat, décidés , en partie à l'instigation du MJO, par  la loi 'pastorale' de 1973 qui a été malheureusement très peu appliquée, laissant ainsi aux  évêques une gouvernance monarchique de leurs diocèses, sans consultation des prêtres, moines et laïcs.

35 - R. Rizk, op. cité, p. 239-240.

36 - R. Rizk, op. cité, p. 241-242.

37 - Costi Bendaly, in 'Le témoignage de la communauté eucharistique', SOP, 1989.

38-  R. Rizk in 'Les défis du siècle à venir'; revue An Nour, numéro documentaire, 1966,  p.37.

39 - La revue An Nour est la seule revue orthodoxe, au Moyen Orient, qui n'a pas cessé de paraître depuis 1942, sauf une interruption de quelques mois à cause de la guerre libanaise.

40 - Transformée dans les années 1980 en coopérative d'édition sous le nom de 'Coopérative An Nour pour l'édition et la distribution'.

41 - Les principaux contributeurs à ce jour sont feu le patriarche Elias IV, l'actuel patriarche Ignace IV, Mgr. Georges Khodr,  Costi Bendaly, le père Elia Mitri, Georges Nahas, Chafic Haidar  et bien d'autres.

42 - Mgr. Georges Khodr retrace cette problématique dans son livre 'La nouvelle Antioche', aux Editions An Nour.

43 - G. Nahas,  in 'Le Mouvement …', op. cité, pp. 76-77.

44- G. Khodr,  Addendum 1 à 'L'explication des principes de base du MJO', revue An Nour,   , p. 70.

45 - R.  Rizk, in 'Le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe', Travaux et Jours, no. 19, p. 9.

46 - G. Khodr, in 'Si je disais les chemins de l'enfance', Editions Sel de la terre.

47 - Voir surtout un livre de Costi Bendaly, 'Une attitude de foi face au confessionnalisme',  Editions An Nour; 'Le confessionnalisme' in Actes de la conférence des Etudiants du MJO, juillet 1968 et 'L'engagement dans le monde', document publié  suite au Congrès Général du MJO, 1970.

48 - Titre d'un éditorial dans le quotidien libanais An Nahar, le 2 octobre 1999.

49- Voir en particulier, l'homélie 'contre la richesse' de Basile le Grand, celles sur 'l'amour des pauvres' de Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse, ainsi que la vingtième homélie de Jean Chrysostome sur la deuxième épitre aux Corinthiens.

50 - ditto, homélie 50 sur l'Évangile de Matthieu.

51 - Actes du Congrès Général de 1970, publié dans 'Antioche se renouvelle', op. cité.

52 - R. Rizk, in 'Les défis du siècle à venir', revue An Nour, numéro documentaire, 1966,  pp. 49-50.

53 - Olivier clément, in 'Dyonisios et le Ressuscité, essai de réponse chrétienne à l'athéisme contemporain', in Évangile et Révolution, Editions du Centurion, 1968, p. 114.

54- Tarek Mitri, in 'Conscience de soi …', op. cité, p. 392.

55 - in 'Le christianisme oriental et l'arabité', conférence ronéotypée, novembre 1968,  reproduite dans le livre 'La Palestine retrouvée', aux Editions An Nour.

56 - Tarek Mitri, in 'Conscience de soi …', op. cité, pp. 393-394.

57 - Gabriel Habib, à l'époque Secrétaire Général du Conseil Œcuménique des Églises du Moyen-Orient.

58 - Lettre adressée aux orthodoxes du Liban, le 25 juillet 1975.

59- G. Khodr, Éditorial dans le quotidien An Nahar,  été 1975.

60 - R. Rizk, in 'Les orthodoxes dans le drame du Liban', SOP no. 139, juin 1989.

61 - Tarek Mitri, op. cité, p. 288-289.

62 - G. Khodr, in 'Le christianisme dans un monde pluraliste', publié dans The ecumenical Review, vol. XXII, no. 2, avril 1971, p. 5.

63 - Titre d'un ouvrage du Père Jean Corbon, traduit par le patriarche Ignace Hazim (alors évêque) et publié en arabe aux  Editions An Nour.

64 - G. Khodr, in 'Le christianisme et les Arabes', op. cité., p. 22.

65 - En particulier, A. Laham, G. Habib, G. Nahas et Michel Nseir.

66 - G. Khodr, in 'La nouvelle Antioche', op. cité, p. 14 et dans le revue An Nour, no. 5, 1959, p. 131.

67 - La déclaration est publiée en anglais dans 'Towards Orthodox unity', Middle East Council of Churches, mars 1972, p. 4.

68 - On disait alors aux jeunes orthodoxes, dans les écoles Catholiques, par exemple, que 'hors de l'Eglise Catholique et Romaine, il n'y a pas de salut'.

69 - Parmi les protagonistes, citons du côté orthodoxe, les Pères Ignace Hazim et Georges Khodr, Eleuthère Eleftériades, Albert Laham et Michel Khoury, et du côté catholique, les Pères Jean Corbon, Oreste Karamé et Antoine Chucri, Michel Asmar et bien d'autres, dont quelques protestants.

70 - Gabriel Habib, suivi par Tarek Mitri, Michel Nseir puis Zahi Azar et Elsy Wakil.

71 - Gabriel Habib en fut le Secrétaire Général depuis la fondation du MECC et pour plusieurs années.

72 - Le Patriarche Ignace (Hazim) dans une conférence prononcée à Paris, à l'Église des Invalides,  en 1988.

73 - Propos prêté à un évêque russe, lors d'une réunion du Conseil œcuménique des Eglises.

74 - R. Rizk, in 'Le MJO dans les années à venir', texte ronéotypé.

76 - in 'Appelés à faire bouger les montagnes', SOP no. 208, mai 1966, pp. 35-36.

77 - Rapport de la Conférence de Genève sur l’Eglise et la Société, COE, 1966.

78- Patriarche I. Hazim,  in 'Le Christianisme et la rencontre des religions et des cultures', Supplément au SOP No. 79, 1983, p. 13.

79 - Patriarche Ignace, in 'Le christianisme …', op. cité, p. 15.

80 - Olivier Clément, in 'Témoigner dans une société sécularisée', revue Contacts No.144, 1988, p. 282-283.

81 - R. Rizk, in 'Trinité et culture du partage', An Nour, no.4, 2011.

82 - Parole du Christ transmise à saint Silouane l'Athonite, citée par l'Archimandrite Sophrony, in Staretz Silouane, Editions Présence, 1973,  p. 43.

83 - Olivier Clément, in 'L'Église Orthodoxe', P.U.F., 7ème édition, 2002, p. 26-27.

84 - Mgr. Kallistos Ware,  in 'L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles', DDB, 1964, p. 190.

85 - Père Jean Meyendorff, in 'L'Église orthodoxe, hier et aujourd'hui', Seuil, 1995, p. 122.

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