Elizabeth Behr Sigel-In Memoriam

 Raymond Rizk - Novembre 2005

Le Seigneur a rappelé à Lui le 26 Novembre 2005 Elizabeth Behr Sigel qu’on qualifiait familièrement dans les milieux orthodoxes de ‘grand-mère de l’Orthodoxie’. Née en 1907 à Strasbourg, luthérienne, elle devint orthodoxe. Elle a fait ses études de théologie à la faculté protestante de Strasbourg et exerça le ministère de pasteur intérimaire, non ordonné, dans une petite paroisse réformée. Convertie à l’Orthodoxie, elle a connu et lié amitié avec les plus grandes figures orthodoxes en Europe occidentale et un peu partout dans le monde. Elle fut membre fondatrice de la première paroisse orthodoxe francophone e n1928. Professeur de philosophie, elle enseigna ensuite à l'Institut Saint-Serge à Paris et à l’Institut catholique de Paris. Sa réflexion théologique alliait avec bonheur et beaucoup de profondeur les intuitions spirituelles de l’Orient chrétien et des Pères à la rigueur de l’esprit cartésien. Elle est l’auteur de plusieurs livres, notamment « Lev Gillet, un moine de l'Église d'Orient » cette riche et volumineuse biographie de celui qui fut un des inspirateurs du Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe et qui aima énormément nos pays dans lesquels il séjourna une partie de sa vie. Parmi ses autres ouvrages, notons « Prière et sainteté dans l’Eglise russe », « Le lieu du cœur », « La douloureuse joie », « Le ministère de la femme dans l’Eglise », « L’ordination des femmes dans l’Eglise », ouvrage comprenant une profonde contribution de Mgr. Callistos Ware, ainsi qu’un essai magistral sur un théologien russe du XIX siècle, mal connu à l’époque et qui avait parmi les premiers tenté d’établir un dialogue avec le monde moderne, « Alexandre Boukharev », pour ne pas citer de nombreux articles et conférences dites dans divers lieux et publiés dans diverses revues, dont la revue Contacts. Théologienne engagée, elle a beaucoup réfléchi et elle a apporté une contribution originale et précieuse sur nombre de problèmes qui interpellent notre Eglise face à la modernité, comme la vocation et le rôle de l’Orthodoxie en Occident, le statut de la femme dans l’Eglise, les relations œcuméniques, la spiritualité orthodoxe et bien d’autres. Elle laisse un grand vide. Que sa mémoire soit éternelle!