Chronique de l’action des jeunes du Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe (MJO) durant les deux premières semaines après l’explosion de Beyrouth
Raymond Rizk
Le mardi 4 Août 2020, jour de l’explosion
Dans l’après-midi de ce jour le MJO demanda à ses membres de donner de leur
sang. Nombreux ceux qui ont répondu à l’appel.
La semaine du mercredi 5 Août 2020
- Sont venus à Beyrouth près de deux cents jeunes gens et jeunes filles du
Mont Liban et d’autres Centres MJO du Liban. Ont formé des équipes pour aider à
l’enlèvement de vitres et débris dans plusieurs églises, hôpitaux et maisons
des quartiers touchés, leur action étant coordonnée par le Centre Médico-Social
du MJO à Beyrouth.
- D’autres équipes s’occupèrent de préparer des repas chauds au rythme de
1000 par jour et de les distribuer, ainsi que près de 500 paquets de
victuailles reçues de donateurs diverses.
- Une équipe d’ingénieurs et ouvriers du bâtiment a inspecté les immeubles
endommagés et défini les 50 appartements que le MJO s’est proposé de
reconstruire dans une première phase.
- Un appel fut lancé pour mise à disposition de locaux où loger ceux qui
n’ont plus de toit. En l’espace d’une semaine plus de 50 maisons ont été
trouvées, dont plusieurs locaux du MJO.
Le vendredi 7 Août 2020
Le Père Rami Wannous, responsable du MJO au Mont-Liban a écrit : Ne
distinguons point entre la liturgie céleste et la liturgie de service de ceux
qui aiment Jésus… Les volontaires venaient de toutes parts. Se joignaient à
nous chrétiens et musulmans et quelques éthiopiennes et quelques français. Nous
ne nous connaissions pas mais tous mettaient la main à l’ouvrage. J’ai alors
compris que les nationalités et les races sont une invention humaine et
qu’elles ne concernent pas Dieu qui les unifie et les abroge… Et pour la
première fois j’ai apprécié les masques qui ont eu l’heur en ce jour d’occulter
les visages pour mettre mieux en valeur les personnalités. Je ne voyais qu’un
seul visage, celui de la foi, de l’espérance et de la charité pour le Liban…
Des personnes différentes mais unifiées par l’amour. Quand tu les regardes tu
ne vois que l’amour qui est l’image la plus probante de Dieu car Dieu est
amour.
Le dimanche le 9 Août 2020
Le Père Rami Wannous a écrit : «Le désastre de Beyrouth est devenu celui de
toutes les paroisses de l’Eglise d’Antioche. Des prêtres venus de divers
diocèses avec leurs ouailles pour aider ? Non seulement les édifices
«orthodoxes». Le désastre n’a pas atteint une confession mais toutes, et
l’amour et le service leur sont dues à toutes. C’est ce que nous a appris Le
Fils de Nazareth qui a serré toute l’humanité sur sa Croix d’amour. Ce que nous
voyons aujourd’hui dans l’Eglise d’Antioche est le visage que nous aimerions
toujours voir».
Le mardi 11 Août 2020
Les équipes recueillant les débris de vitre les ont empaquetés et
transportés à une société assurant leur recyclage.
La semaine 12 Août 2020
Les consultations médicales habituelles se sont poursuivies au Centre
Médico-Social du MJO, après une semaine où les soins d’urgence avaient
prévalus. Plusieurs donateurs ont permis d’acheter la plupart des médicaments
requis. Des consultations spéciales ont été introduites pour les personnes du
troisième âge avec un médecin gériatre membre du MJO.
Le samedi 15 Août 2020
Raymond Rizk, ancien Secrétaire Général du MJO a rédigé un article pour la
Revue An Nour où il dit : «Devant une catastrophe, celui qui a tout perdu fait
l’expérience de la mort. La peur le submerge car il ne s’est habitué dans sa
vie à l’idée de la mort… Celui qui arrive à réagir, non sans peine, voit
grandir en lui un sentiment profond de solidarité avec ceux qui y ont souffert
autant que lui, et plus que lui. Celui qui acquière cette grâce, et arrive à la
maintenir en lui en se mettant au service des autres et leur consacrant son
temps ou ses moyens, sent diminuer son attachement à soi et à ce qu’il a perdu
devant l’immensité des problèmes des autres…
… Le temps devant une catastrophe n’est pas aux paroles mais à l’entraide
et l’action. Tant le choc émotionnel est grand, on perd l’intérêt d’écouter la
parole de Dieu et la prière devient difficile. Et on peut arriver au point de
se demander sur le rôle de Dieu en ce qui nous arrive, et pourquoi Il l’a
permis. Certains vont jusqu’à renier l’existence de Dieu, car s’il existait, Il
n’aurait pas permis de telles catastrophes, oubliant que la faute des humains est
souvent leur raison avérée. D’autres qui admettent une certaine présence du
Créateur, vont jusqu’à dire qu’Il reste sourd aux souffrances des hommes, et
qu’Il ne peut ou ne veut leur prêter secours… D’autres encore parmi les
chrétiens intégristes s’empressent d’affirmer que Dieu désire les catastrophes
pour punir les humains qui se détournent de Lui. C’est pourquoi Il laisse libre
champ à l’Anti-Christ qui se complaît à nous causer du tort… C’est à nous de
trouver les moyens de rappeler à ceux qui souffrent que Dieu est sorti avec
nous de Son silence, comme Il l’a fait avec Job, nous disant que nous pouvons
par la foi, l’espérance et la confiance en Lui, surmonter les épreuves qui
dépassent nos capacités humaines, car Son Esprit nous couvre de Ses ailes, et
Son Fils, Emmanuel est présent avec nous. Il nous accompagne dans la fournaise
et empêche le feu de nous brûler. Le Christ, qui a expérimenté les souffrances
humaines, partage les nôtres. Il pleure avec nous et veut essuyer toute larme
de nos yeux…
Notre service des autres dans la tourmente nous éloigne de notre égo et
notre propre tourmente, et nous fait toucher du doigt la faiblesse humaine, et
combien il est un roseau au gré du vent. Et la vue de nos mains salies par le
sang, la boue et les bris de verre nous fait sortir de notre mentalité assiégée
par les passions, satisfaite de ce que nous sommes et de ce que nous avons et
voulant toujours plus, et nous fait acquérir l’humilité qui nous sauve… Paul
Claudel a dit : «Jésus n’est pas venu pour éliminer la souffrance, et il n’est
même pas venu pour lui donner un sens, mais il est venu pour la remplir de sa
présence». Il est venu pour dire à chacun de nous : N’aie pas peur mais croie
seulement, car je suis avec toi. Efforce-toi d’affronter la souffrance avec
joie, et laisse-la te pousser vers la repentance et la diaconie».
Le mardi 18 Août 2020
En coopération avec la Croix Rouge Internationale, le MJO a inauguré les
séances de suivi psychologiques dans son foyer de Beyrouth. En l’espace d’une
semaine plus de 70 personnes en ont profité.
Le MJO a lancé l’Appel suivant :